Un défi amical pour Novembre

Lorsque je propose aux gens de traquer leur emploi du temps, ils sont souvent agréablement surpris de voir combien de temps ils passent en famille.

Les amis, par contre, c’est une autre histoire.

Lorsqu’on est occupé·es par le boulot et les enfants, les amitiés peuvent être difficiles à placer en tête de liste des priorités. Si tu disposes d’un temps réservé aux adultes, tu fais, peut-être le choix, tout à fait rationnel, d’investir ce temps dans ton couple (ou dans le sport… chacun·e ses priorités). Voir des ami·es demande souvent de faire des plans, et gérer une carrière et une famille demandent déjà beaucoup de planification. Donc, parfois, il est plus facile de ne pas se donner la peine. Ainsi, la plupart des gens, dans une semaine lambda, ne passent pratiquement pas de temps avec des ami·es qui ne sont pas des collègues. Certes, les collègues peuvent devenir de bon·nes ami·es, mais s’il ne s’agit pas d’un moment  lié de près ou de loin au travail (par exemple, un apéro ou une promenade à l’heure du déjeuner), ce n’est probablement pas la même chose.

Tout cela est regrettable, car les amitiés rendent les gens plus heureux et en meilleure santé. C’est prouvé scientifiquement.

La bonne nouvelle, c’est qu’il n’est pas nécessaire de consacrer beaucoup de temps au maintien et au développement des amitiés. Investir un à deux heures par semaine (sur 168) peut déjà changer les choses. De plus, le fait de savoir que ces heures « d’amitiés » arrivent peut changer l’atmosphère de toute une semaine, car en sachant que quelque chose de plaisant t’attend, tu peux déjà t’en réjouir d’avance.

Ceci m’amène à vous proposer un défi amical en ce mois de Novembre. Si tu traques déjà la manière dont tu passes ton temps (ou pas, et dans ce cas, rendez-vous en Janvier pour le lancement du Défi Traque Ton Temps), et que tu sens que tu aimerais passer plus de temps avec tes ami·es, voici l’occasion de te mobiliser. Voici ce qu’il te reste à faire :

1. Dresse une liste de quelques personnes que tu aimerais voir. Si tu es en couple et que vous voyez généralement vos amis ensemble, vous pouvez créer une liste commune mais tu peux aussi y ajouter quelques personnes que tu aimerais voir tout·e seul·e.

2. Jette un oeil à ton agenda pour le mois de novembre et vois ce qui aurait du sens. Certains week-ends sont-ils plus libres que d’autres ? Peut-être y a-t-il une demi-journée sans école à venir où tu prendras aussi une demi-journée. Recherche des événements pour lesquels tes amis pourraient te rejoindre, ou fais preuve de créativité. Tu n’as probablement pas grand-chose à l’agenda à 5 heures du mat’… pour les ami·es qui habitent dans un fuseau horaire différent, une heure bloquée pour FaceTime/Zoom/chat peut également fonctionner.

3. Appelle, envoies un email ou un SMS à ces personnes et propose-leur un créneau horaire ainsi qu’un back-up. Par exemple : « On serait ravis de vous recevoir le [week-end du …] ! Vous êtes dispo pour un dîner le vendredi ou un déjeuner le samedi ? ». La solution de secours augmente les chances que ça se produise ; et si la personne ne peut faire ni l’un ni l’autre, il y a de fortes chances qu’elle propose une autre solution, car tes précisions montrent que tu es sérieux·se, ce qui n’est pas forcément le cas d’une proposition du type « on se fait une bouffe un de ces quatre ».

4. Vise une fréquence hebdomadaire. Lance-toi le défi de metttre au moins quatre rendez-vous de ce type à ton agenda entre le 15 Novembre et le 15 Décembre.

5. Essaies de résoudre les problèmes logistiques qui pourraient contrecarrer tes plans. Le créneau de secours que tu as proposé peut s’avérer utile. Mais l’avantage de planifier au moins quatre rencontres est que deux ou trois d’entre elles ont de fortes chances de se produire, et c’est probablement déjà plus qu’avant.

Si tu as déjà des rendez-vous entre ami·es à ton agenda, génial ! Certaines personnes ont des clubs de lecture, courent avec un groupe tous les jeudis matin, vont déjeuner chez les unes les autres tous les dimanches ou organisent un apéro-voisins une fois par mois, et c’est formidable. Tout ça compte, mais tu peux tout de même te lancer le défi d’ajouter un ou deux autres rendez-vous en Novembre. Si tu n’es pas de ces personnes qui ont un agenda social bien chargé, le mois de novembre pourrait être l’occasion de changer les choses ! Et, les rendez-vous réguliers sont plus durables sur le long terme car personne n’a besoin de les planifier, et les gens commencent à protéger le temps sur leurs calendriers.

Et en ce qui concerne les personnes que l’on voit régulièrement ? Tu peux essayer consciemment de transformer une occasion où tu vois régulièrement quelqu’un en quelque chose de plus amical. Si tu t’arrête à l’aire de jeux après l’école, vois si une autre famille veut se joindre à vous. Si ça ne marche pas aujourd’hui, trouve un autre jour. Si tu croises fréquemment quelqu’un en sortant ton chien, vois s’il/elle veut fixer un moment pour être sûr·es de se rencontrer (et laisser les chiens jouer).

La vie n’est jamais un long fleuve tranquille, mais lorsqu’il s’agit d’amitié, une à deux heures par semaine peuvent changer les « Je n’ai pas le temps de m’amuser » ou « Je n’ai rien à attendre avec impatience » en quelque chose d’un peu plus positif. Et quand tant de choses dans le monde sont aussi sombres, ce petit rien peut faire une grande différence.

Photo : Souvenir d’une escapade impromptue et bucolique entre amis lors de mon séjour à Portland, en Juin 2022.