Arriver à prendre une soirée pour soi, on y croit !

Prendre quelques heures chaque semaine pour faire quelque chose qui n’est ni travail, ni famille, peut rendre la vie plus belle.

Ce que tu faits pendant ta « soirée pour toi » est ton choix, mais de nombreuses personnes trouvent que le fait de s’engager à faire quelque chose qui a lieu à la même heure chaque semaine réduit la charge mentale liée à l’emploi du temps et permet d’attendre ce moment avec impatience. De plus, si d’autres personnes comptent sur toi, tu iras, même si tu es fatigué·e ou occupé·e, et tu récolteras les bénéfices de cette prise en charge active de toi-même.

Pour certaines personne, prendre une soirée pour soi, c’est facile. Mais la vie de beaucoup de gens est plus compliquée. Ils travaillent tard ou de manière imprévisible, ou voyagent beaucoup. Ils ont des enfants en bas âge. Leur partenaire travaille tard ou de manière imprévisible ou voyage beaucoup.

Il est tout de même possible de s’engager à faire quelque chose.

Pour la situation probablement la plus courante : les familles avec de jeunes enfants, l’approche la plus simple consiste pour les couples à faire un échange. Chaque partie obtient une nuit de congé, ce qui constitue une contrepartie assez explicite. D’ailleurs, lorsque les gens découvrent ce concept pour la première fois, je leur suggère qu’offrir une nuit de congé à leur partenaire pourrait être le meilleur moyen d’obtenir l’adhésion de leur moitié à cette idée.

Mais ça ne fonctionne pas toujours. Laurie, une amie de Philadelphie, chante dans une chorale le mardi soir, son mari voyage beaucoup et, même lorsqu’il est « local », il ne rentre pas avant 19 h 30. Elle a fini par prendre une baby-sitter tous les mardis soirs. Il est possible que son mari rentre à 18 h 30 certains mardis, mais elle ne veut pas s’appuyer là-dessus, potentielement être décue et que cela crée de la tension dans son couple. La baby-sitter a éliminé cette opportunité de querelle.

Au fil des ans, elle a dépensé… beaucoup d’argent pour le baby-sitting des soirées de chorale. Ceci dit, ce n’est que deux  à trois heures de plus par semaine que ce dont elle aurait besoin en moyenne. Dans ce contexte, ce n’est donc pas énorme. Et chanter la rend très heureuse. S’il le fallait, elle préférerait payer quelqu’un pour libérer ses soirée de chorale et conduire sa vieille poubelle de voiture à perpétuité plutôt que d’y renoncer.

Bien sûr, engager sa propre baby-sitter n’est pas la seule option. Je sais que certains parents s’arrangent entre eux pour alterner les gardes d’enfants pour que l’un·e des conjoint·e puisse faire son activité hebdomadaire. Ton quatuor à cordes pratique le mardi après le travail ? Amenez tous vos enfants (et, je ne sais pas, des macaronis pour le dîner) à une baby-sitter engagée conjointement pendant deux heures. Si tu fais du sport régulièrement, tu peux choisir de t’inscrire dans une salle de sport avec garderie (si, si, ça existe!).

Tu peux également échanger ta soirée avec n’importe qui (et pas seulement avec ton/ta conjoint·e). Si tu as un·e ami·e, un frère ou une sœur, un·e cousin·e ou un·e voisin·e dans la même situation, vous pouvez vous engager à couvrir la « soirée pour soi » de l’autre.

Certaines personnes ayant un emploi flexible, mais une garde d’enfants régulière, ont fini par prendre du temps pendant la journée de travail pour leur activité « pour elles ». Je tiens à souligner que tu n’es pas obligé·e de le faire (les parents peuvent prendre une nuit par semaine loin de leur famille et tout se passera bien !), mais si la chose que tu veux faire peut se dérouler pendant la journée, c’est une option.

Un horaire de travail imprévisible introduit d’autres complications, qui peuvent toutefois être surmontées. Une solution consiste à transformer le concept de « soirée pour soi » en « quelques heures de week-end pour soi ». Souvent, les personnes qui travaillent longtemps ou de manière imprévisible pendant la semaine ont plus de contrôle sur leurs heures de travail pendant le week-end. Si ton/ta conjoint·e a droit à sa nuit pendant la semaine, ça peut être faisable.

Dans les conversations que j’ai régulièrement sur le sujet, une personne qui travaillait en horaires décalés s’est vu attribuer ses horaires pendant environ deux mois d’affilée. Elle a donc pu déterminer le soir où elle était le plus souvent en congé et planifier quelque chose pour ce soir-là. Elle ne pouvait pas y aller à chaque fois, mais elle le pouvait la plupart du temps, ce qui m’a semblé être une façon très sage de ne pas laisser un tel emploi du temps la décourager d’essayer.

Tu peux également envisager des horaires peu orthodoxes. Parfois, les personnes qui ne contrôlent pas l’heure à laquelle leur travail se termine contrôlent l’heure à laquelle il commence. Si c’est le cas, tu peux peut-être faire quelque chose tôt :  aller courir tôt le matin, une promenade à vélo ou un cours de yoga.

Les déplacements fréquents peuvent également rendre ce concept difficile (et je sais de quoi il en retourne), mais cça dépend aussi du type de déplacement. Si tu es en déplacement du lundi au jeudi, il te reste, par exemple, le vendredi matin ou certaines heures du week-end comme option « pour toi ». Ou si tu as tendance à te rendre au même endroit (par exemple, chez un client), tu peux éventuellement choisir quelque chose à faire à cet endroit. C’est ce qui s’est passé pour les consultants présentés dans le livre Sleeping With Your Smartphone, qui ont tous bénéficié d’une « nuit de repos prévisible » lorsqu’ils étaient en déplacement. Cela peut sembler être un avantage moins qu’optimal de la part d’une entreprise (si tu n’es pas chez toi, à quoi sert le temps libre ?), mais les gens ont commencé à suivre des cours dans une salle de sport, à explorer des endroits comme des musées ou des galeries, ou à téléphoner régulièrement à des amis.

Je ne dis pas que tout le monde sera en mesure de trouver une solution ou de s’engager à faire quelque chose à un moment précis. Mais même si tu travailles de manière imprévisible ou si tu as des enfants en bas âge, tu peux peut-être faire quelque chose. Je n’écarterais pas complètement ce concept. Réfléchis-y un peu et vois ce qu’il faudrait faire. Les personnes qui ont essayé ont souvent constaté qu’elle améliorait leur expérience du temps ; une heure ou deux transforment positivement une semaine entière. C’est un avantage qui vaut la peine de faire preuve d’un peu de créativité.

Crédit photo : Dawid Zawiła