Tu cherches du sens à ta vie ? La réponse se cache peut-être là où tu l’attends le moins

On entend tout le temps :

TROUVE UN SENS À TA VIE, IDIOT·E.

C’est en tous cas le sentiment que me laisse le discours moralisateur de certain·es auteur·rices.

C’est devenu le conseil du jour. La solution magique à nos problèmes. L’ordonnance de secours pour les déçus de la vie.

D’une certaine manière, la quête de sens est devenue une religion à part entière.

On vénére ses idéaux et on s’incline devant ses implications. On fait des insomnies tellement on cherche à trouver du sens. On veut sentir sa présence profondément dans nos vies, mais on a parfois tendance à perdre la foi lorsqu’il ne se manifeste pas immédiatement (🫣 j’ai utilisé le mot « manifester »).

À bien des égards, le sens est devenu notre sauveur.

Contrairement aux formes traditionnelles de religion, cette religion-là, la quête du sens, est bien plus efficace en termes de conversion, car nombreux sont ceux et celles qui l’ont trouvée. Je n’ai certainement pas besoin de faire du porte-à-porte, exemplaires du dernier testament en main (dont la couverture montrerait probablement Henri Cavill en sous-vêtements, parce que c’est moi qui invente tout ça et que j’ai décidé que Henri Cavill devait être placardé sur autant d’objets que possible dans mon champ de vision), parce que la preuve est sous nos yeux. On voit d’autres personnes mener des vies qui débordent de sens, et on meurt d’envie que quelqu’un nous arrose d’huiles essentielles et nous guide dans une méditation qui va nous révéler au monde.

On veut tellement trouver un sens à notre vie que lorsqu’on ne le trouve pas instantanément, on tape des pieds, on croise les bras de frustration et on retourne au pays du bonheur superficiel. Qu’il soit superficiel ou non, au moins, il est facilement accessible.

iPhone, TikTok, swipe à droite, swipe à gauche, tu reprendras bien une petite vidéo ?

C’est la solution de facilité.

La vérité c’est que la quête de sens est difficile. Ça ressemble à un tas de glaces fondantes et à du plaisir sous le soleil en pantalons de yoga à taille haute, mais c’est un processus éreintant si tu parts de zéro. Même l’objectif lui-même, le sens, est vague et insaisissable. C’est quoi le sens, d’ailleurs ? Si on n’a pas une idée claire de ce qu’est le sens, comment est-on censé·es en trouver ?

Ma réponse :

LE SENS, C’EST L’ÉMOTION.

Lorsque quelque chose nous pousse à vraiment ressentir quelque chose, que ce soit de l’exaltation, de l’enthousiasme, de la tristesse ou même de l’inquiétude, elle nous apporte du sens. Une chose ne peut avoir de sens que dans la mesure où nous la ressentons.

Par exemple, j’accorde une grande importance à l’écriture en raison des sentiments qui l’accompagnent. Joie intense. Peur. Fierté. Émerveillement. Défi. Satisfaction de savoir que, même si la vie est éphémère, les mots sont permanents. Fascination pour la capacité humaine à communiquer.

Les relations deviennent significatives pour les gens en raison des sentiments qu’ils y attachent : ravissement, exaltation, enchantement, sensualité, sécurité.

Les loisirs comme le sport prennent un sens pour les gens, en raison des sentiments qu’ils y attachent : loyauté, unité, fierté, plaisir, désir d’avoir une excuse pour boire des bières.

Le sens n’est pas inhérent ; il n’apparaît que lorsqu’on lui attribue une signification, ce que l’on fait parce qu’on a des sentiments forts à l’égard de quelque chose.

LES SENTIMENTS DIRIGENT CET ENFANT SAUVAGE QU’EST NOTRE MONDE.

Pas seulement les sentiments individuels, mais aussi les sentiments collectifs. C’est précisément ainsi que les sociétés se forment, avec leurs attentes et leurs normes culturelles : le groupe, dans son ensemble, partage un sentiment général à l’égard de quelque chose et, par conséquent, cette chose finit par représenter une grande signification pour la société.

Si on se prive de la capacité de ressentir…
Si on repousse nos émotions sur le côté…
Si on continue sans but à faire ce qu’on a toujours fait…

…le sens ne se révélera jamais à nous. Il ne peut pas. Parce que c’est personnel.

Et si on ne le prend pas personnellement et qu’on ne courre pas de risque émotionnel, alors on reste indifférent·es à la vie, au monde qui nous entoure et à nous-mêmes. Et, non seulement c’est triste, mais c’est aussi incroyablement ennuyeux. Autant être mort·e.

Sentiments = récompense. Sentiments = récompense. Sentiments = récompense.

Tout le reste n’est qu’une distraction.

Crédit photo : Mohamed Nohassi sur Unsplash